vendredi 28 juillet 2017

Archives : Article de Grégoire Perra philosophe sur les portraits des femmes palestiniennes

 
Ce qui finit par intriguer dans les photographies de Myrtille sur la Palestine, c’est la manière dont elle a su rendre compte de cette attitude qui nous semble presque inconcevable en occident : la dignité de la pauvreté. En effet, la pauvreté occidentale est une déchéance. Ou du moins l’Occident la perçoit ainsi. La simplicité y est un dépouillement, un dénuement, une privation qui atteint jusqu’à l’intégrité de l’âme humaine. Le pauvre en Occident n’est plus vraiment un homme aux yeux de la société et lui-même ne se perçoit plus comme tel. Ce qui frappe dans les photos de femmes palestinienne photographiées par Myrtille, c’est au contraire leur extrême dignité, on pourrait dire leur grandeur d’âme, écrasant la pauvreté sans la nier. Car ces femmes semblent constamment faire, sans le savoir, une distinction que nous avons bien du mal à opérer entre la souffrance et la pauvreté. Elles sont là, posées dans ces conditions sociales, économiques et politiques dont leur environnement immédiat et leurs vêtements témoignent clairement, dont elles savent qu’elles ne sortiront probablement jamais, mais avec une étrange distance, une sorte de refus à la fois grave et intraitable de se confondre avec la pauvreté qui les entoure… sans pouvoir les enfermer.

C’est une sorte de transcendance concrète, ou de défi à l’espace et au temps, de fierté sereine de se savoir appartenir à une autre dimension que celle des privations de tout ordre infligées par la vie. On le sent à travers ces gestes d’affections qui peuvent unir un grand-père à son petit-fils, une grand-mère à sa petite fille, une sœur à ses sœurs, la solidarité d’enfants entre eux… dans chacun de ces petits témoignages qui montrent que ce qui relie les hommes entre eux prime largement sur ce qui conditionne leurs existences.

Grégoire Perra

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