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samedi 7 octobre 2017

Archives : #IndépendanceRédactions: retour sur la Conférence de Presse du 7/10/14 au Sénat #2

Pour mémoire, c'était il y a 3 ans... 


#2 Le regard d’une jeune Indignée du PAF, Myrtille Dupont (photographe) 
Proposition de loi relative à la reconnaissance juridique du Conseil de rédaction déposée par Mme la Sénatrice Nathalie Goulet et enregistrée sous le numéro 813.


Ce qui s'est passé le 7 octobre à la conférence de Presse au Sénat est d'importance. Il était en effet question de la création des « Conseils de Rédactions ». Ces organes seraient, dans les médias journal, un garant d'une plus grande liberté de la presse en remettant les journalistes face à leur mission centrale d’informer et en les réunissant collectivement dans une entité juridique reconnue comme telle : la rédaction. Mais il faudrait pour cela qu'ils bénéficient d'une reconnaissance statutaire officielle et légale. C'est à cette épineuse question que ce sont attaqués Nathalie Goulet, Sénatrice de l'Orne et des représentants du Syndicat National des Journalistes (SNJ) et des Indignés du PAF.
Le 7 octobre 2014 a donc eu lieu la conférence de presse présentant la proposition de loi de reconnaissance juridique du Conseil de Rédaction au Sénat en présence de ses rédacteurs Nathalie Goulet, Dominique Pradalié pour le SNJ et Philippe Guihéneuf pour les Indignés du PAF. Afin d’illustrer le bien-fondé de l’initiative, Joseph Tual, grand reporter, était là, apportant son témoignage sur une mésaventure récente.
Au début de la conférence de presse, la Sénatrice Nathalie Goulet s'est présentée et a expliqué comment est né le travail de co-écriture du texte de proposition de loi, en quoi il est important. Elle a bien précisé qu'elle n’était en rien porte-parole des Indignés du PAF ou des syndicats, mais qu'elle était d'accord sur un point très important : le besoin d'une base légale d'un Conseil de Rédaction. Fort de son expérience du Sénat, elle veut faire en sorte que la proposition de loi soit acceptable dans le calendrier parlementaire. Selon elle, il ne s'agira pas de rédiger un brûlot mais de trouver un équilibre sur une base légale, de définir les contours d’un texte qui serve l’intérêt général. Elle a précisé que pour les gens de la profession, ce sera probablement incomplet mais que ce texte présente une avancée avec une série d'articles.
Concrètement, il s'agit de donner d'abord une existence juridique aux Conseils, ensuite de leur permettre d'avoir un accès à des informations économiques et financières, enfin de pouvoir se protéger et de faire valoir les droits de la rédaction. Il ne s'agira pas de tout mettre en commun dans un seul organisme centralisé contre les propriétaires des journaux mais de donner un droit à l'information, à une protection intellectuelle du contenu des articles qui pourraient être revendus. L'objectif n'est pas de créer une arme de guerre contre les rédactions, l'intérêt étant la souplesse de l'organisation où chaque rédaction pourra ou pas créer son conseil de rédaction.
Le texte de proposition de loi sera distribué à la commission des affaires culturelles pour qu’elle se saisisse du dossier. La première mission sera de nommer un rapporteur. L'objectif premier, insiste Nathalie Goulet est que la commission des affaires culturelles prenne la proposition de texte de loi en considération.
Selon Dominique Pradalié, il faut permettre aux journalistes de garder leur conscience et leur liberté. Le journalisme a besoin d'une reconnaissance collective de ce qu'est une rédaction. Avant, une ligne jaune existait entre les rédactions et les services marketing, aujourd'hui de grands groupes ont mis la main sur beaucoup de journaux et un déséquilibre s'est instauré au détriment des rédactions. C'est un véritable « SOS qui est envoyé aux parlementaires pour que nous puissions avoir une presse de qualité et indépendante » lance solennellement la secrétaire générale du SNJ. Il faut une reconnaissance d'une charte unique, l'existence d'une instance juridique avec des représentants professionnels et des citoyens. Le but n'est pas d'être punitif mais pédagogique. Le Conseil de Rédaction est une protection collective, un patrimoine collectif. Si le Conseil existait déjà, affirme-t-elle, jamais l'Express n'aurait annoncé le décès de Jacques Chirac.
Joseph Tual du service public télévisuel a ensuite éclairé l'assistance avec son témoignage d'une expérience très récente. En effet, il a travaillé avec 2 confrères (presse privée et radio publique) sur un dossier complet extrêmement sensible. Les faits étaient précis, avérés, décrits dans le rapport final de l'enquête policière. Mais sa rédaction lui fit savoir à la dernière minute que son sujet ne serait pas diffusé, car il n’avait « rien de neuf ». Or, le soir même ses collègues partenaires diffusaient l'information qui devenait un scoop... repris plus tard par le site du média du grand reporter. Il est clair pour tous les intervenants à la tribune que « si le Conseil existait déjà, la rédaction serait revenue sur sa décision et le sujet aurait été diffusé ».  Selon Nathalie Goulet « il y aurait eu un dialogue grâce à la structure ». Pour Dominique Pradalié, « cela permettrait de ne pas laisser seuls les journalistes, même si les syndicats réagissent ».
 Depuis plusieurs années, il est question de la création d'un Conseil de Presse sans que celui-ci n'ait jamais pu voir le jour en France. Aujourd'hui, la proposition de Loi de reconnaissance juridique du Conseil de Rédaction est une avancée majeure dans l'intérêt général et l'intérêt du journalisme, pour lutter contre les conflits d'intérêt. Une petite révolution réunissant à la fois les professionnels, les syndicats et les citoyens.
Myrtille Dupont

Lien source : https://blogs.mediapart.fr/les-indignes-du-paf/blog/091014/independanceredactions-retour-sur-la-conference-de-presse-du-710-au-senat-2 

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